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Insolite : pour la première fois en Lorraine un couple de Grand-duc d'Europe s'est installé dans un nichoir prévu à cet effet.

14 juin 2021

La saison 2021 a démarré sur les chapeaux de roues avec plus d’une dizaine de nouveaux sites à Grand-duc repérés sur toute la Lorraine. La nidification qui a pris un peu de retard, probablement dû aux coups de froid tardifs de mars, n’a pourtant pas été trop chamboulée et l’année 2021 s’annonce comme une bonne année pour le Grand-duc en Lorraine. L’état des recherches de nids ayant bien avancé, ce sont déjà 30 nids qui ont été localisés pour l’instant sur la zone d’étude avec 5 nouveaux sites pour lesquels nous n’avions jamais contacté de Grand-duc auparavant. 
 
Comme les bonnes nouvelles ne viennent jamais seules, nous avons eu l’heureuse surprise de découvrir qu’un couple de Grand-duc a décidé de se reproduire dans un nichoir construit pour lui par Loana il y a quelques années.
 
L’histoire commence en 2016, le suivi du roi de la nuit assuré par LOANA était en place depuis 3 ans à l’époque et entamait sa 4ème année. Un couple de Grand-duc d’Europe nichait dans une carrière en activité en Meurthe-et-Moselle jusqu’en 2015, puis en 2016 la reproduction a échoué. Depuis, le couple n’a plus réoccupé le site probablement suite à une exploitation continue sur le front de taille le plus favorable à l’espèce. 
 
A partir de 2016, le carrier concerné avait pour objectif l’exploitation du plan de falaise où nichait le roi de la nuit. Lorraine Association Nature, en coopération avec le carrier, a donc proposé d’aménager une cavité sur un ancien front de taille non exploité du site pour inciter le couple a se reporter sur ce front où les dérangements sont très limités. Malheureusement, cet aménagement n’a pas porté ses fruits : les dimensions creusées étaient semble-t-il trop larges et la roche instable provoquait des chutes de pierres du plafond et de nombreux gravats occupaient le plancher de la cavité, empêchant l’installation des individus.
 
 
En 2019, pour pallier ces problèmes, la construction et la pose d’un nichoir à l’intérieur de la cavité creusée a alors été proposée à l’exploitant, en s’inspirant d’un modèle de nichoir à Faucon pèlerin. Le nichoir est resté vide en 2020, mais un couple a cependant décidé de s’y reproduire en 2021, concrétisant ainsi 5 années plus tard le projet de LOANA de favoriser le retour de l’espèce sur ce site. La femelle couvait en avril et c’est une réussite car 2 poussins ont été observés en juin dans le nichoir !
 
Plusieurs autres cas de nidification dans un nichoir nous ont été rapportés suite à la mobilisation du réseau Grand-duc :
 
 

  • Tarn :
 
Dans le Tarn en 2015, au pied d’une falaise naturelle, un couple de Grand-duc a niché plusieurs années de suite conduisant quelques jeunes à l’envol. Pourtant, en 2018 le couple a décidé de changer de site de nidification et de se reporter sur un nichoir à Faucon pèlerin installé en 2002 n’ayant jamais encore été occupé. Cette nidification n’a pas abouti malgré qu’un poussin soit né, mais il a ensuite été retrouvé mal en point et amaigri 7 semaines plus tard au pied de la falaise. Les soigneurs, malgré les soins apportés, ont alors dû procéder à son euthanasie. Loin de se décourager, le couple a récidivé en 2019 et a cette fois réussi à mener à l’envol deux jeunes !
                                              
                                              
  • Alsace :
 
 
Plus proche de chez nous, en Alsace sur la réserve naturelle des Vosges du Nord, un couple avait été localisé en 1995 dans une carrière. Des prospections avaient alors débuté et malgré les indices de présence attestant de la présence du Bubo, le nid ne fût pas localisé. Lors des écoutes le nid fût découvert à proximité du front de taille, proche d’une pelle mécanique et de tir de mine. L’évolution des travaux d’exploitation les années suivantes a conduit à plusieurs échecs de reproduction. En 2000, inspiré par des installations artificielles réalisées en Allemagne, la première tentative rapportée en France fût réalisée. Découpé dans une caisse de transport à lynx, l’intérieur remplit de grès et d’une cuvette en tourbe et copeaux de bois séché, le nichoir fut ensuite installé à l’abri des regards pour assurer la tranquillité du couple. Dès 2001, le suivi du couple montra l’occupation du nichoir concrétisant la première installation d’un couple de Grand-duc d’Europe en France dans ce type d’aménagement. Cette année-là, un poussin a été conduit à l’envol. Malheureusement, l’année suivante malgré que la femelle fût observée dans le nichoir, un nouveau chantier très proche de celui-ci annihila tout espoir de succès de reproduction. C’est la dernière année que ce couple a été observé sur site.
 
  • Ariège : 
 
En Ariège, un couple de Grand-duc tentait depuis une dizaine d’années de se reproduire, sans succès. Dérangement humain, manque d’expérience, manque de nourriture, sont autant de facteurs qui ont participé à faire échouer la reproduction du Bubo. En 2015 pour améliorer les chances de succès, un nichoir a été construit sur le site en question. Malheureusement, le jour de la mise en place du nichoir, le propriétaire signala que la femelle avait été retrouvée noyée quelques semaines plus tôt. De plus, le piège photographique placé à côté du nichoir le jour de la pose mettra en évidence le passage de sanglier juste à côté de l’installation. L’année suivante malgré des travaux pour empêcher les sangliers d’approcher du nichoir aucune reproduction n’a eu lieu et aucune femelle n’a été contactée suite aux écoutes. Il faudra attendre l’hiver 2017 pour qu’une nouvelle femelle vienne s’installer. Les prospections diurnes permettront de voir un jeune à l’envol mais pas de savoir si le nichoir a été utilisé ou non. Ce n’est qu’en août que l’utilisation de ce dernier pourra être confirmée, avec de nombreuses pelotes, fientes et plumées jonchant le sol.
                               
 
Bien qu’un certain nombre de nidifications de couples de Grand-duc dans des nichoirs soient ainsi documentés, il s’agit donc pour 2021 du premier cas connu en Lorraine. Cela témoigne de la grande adaptabilité et de l’opportunisme dont l’aigle de la nuit fait preuve. Cela conforte aussi les actions de protection menées en faveur de ce super prédateur et permettra de renouveler l’expérience sur de nouveaux sites sensibles en Lorraine et dans d’autres régions.