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Le Sonneur et le Chasseur...

19 août 2021

On aurait pu en faire une fable pour La Fontaine ou encore un conte pour Perrault, tellement l’histoire que nous allons vous narrer est cocasse…

Souvenez-vous de Régis qui agrainait les sangliers avec du blé traité dans le sud lorrain, intoxicant la faune non-cible, mais aussi les sangliers et au passage les chasseurs eux-mêmes…

Et bien l’histoire ne s’arrête pas là, elle continue en un véritable théâtre burlesque à ciel ouvert!

En effet, les passages répétés d’engins agricoles pour nourrir et abreuver régulièrement les sangliers ont eu pour effet de créer avec le temps un véritable réseau d’ornières dans un chemin agricole de cette petite commune du sud lorrain.

Certains de nos lecteurs auront peut-être « tiqué » sur le mot « abreuver »… Il convient donc d’éclaircir nos propos… En effet, il est aussi dans les uses et coutumes cynégétiques, d’apporter régulièrement quelques citernes agricoles remplies d’eau («4000 litres d’eau toutes les trois semaines » allégrement pompées dans un petit cours d’eau du secteur) en période de sécheresse pour que les petits suidés puissent se rouler à l’envie dans la boue… On pourrait esquisser un rictus à cet égard, si nous n’étions pas aujourd’hui soumis à de fortes périodes de sécheresse et si cette même commune du sud lorrain ne flirtait pas avec l’alimentation en eau potable via camion-citerne…

Mais ne nous égarons pas et revenons à nos sonneurs…

Fin juin lors d’une opération menée conjointement avec l’ONF, nous constatons que les ornières ainsi créées par cette pratique cynégétique pouvaient être source de biodiversité en servant de sites de reproduction au Sonneur à Ventre jaune !

Mais… (Car il y’a toujours un « mais »), tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes…

En effet, nous avons également constaté toujours avec l’ONF que pour pouvoir passer avec leurs engins agricoles, les chasseurs du territoire s’étaient permis de couper sur une cinquantaine de mètres des haies en pleine période de reproduction des oiseaux sur le chemin communal. Ils avaient également commencés un vaste projet de de remblayage de ce chemin communal (sur un peu plus de 200 mètres) où chaque ornière a été soigneusement comblée par des gravats divers et variés pour pouvoir accéder plus aisément aux points d’agrainage…

Aussitôt les faits constatés et ainsi pris d’une inquiétude commune quant au devenir de cette station de Sonneur à ventre jaune, l’ONF s’est immédiatement rapproché de la commune afin que les habitants soient informés et sensibilisés de la mise en protection de ce tronçon de chemin agricole.

Malgré les efforts de  sensibilisation et d’information de la commune et de ses habitants, de la mise en protection de ce tronçon de chemin communal, nous constatons le jour même plusieurs atteintes intentionnelles à ces milieux (avec l’altération de pontes et l’écrasement d’individus adultes liés aux passages de véhicules motorisés). Cerise sur le gâteau, nous constatons avec provocation, un dépôt récent de tuiles dans les ornières accueillant les amphibiens en reproduction.

Face à de tels comportements, notre sang n’a fait qu’un tour et nous avons aussitôt décidé d’alerter l’Office Français de la Biodiversité. Plainte et audition ont été réalisées et il semble que les responsables aient été trouvés. LOANA espère que ces actes intentionnels de destruction seront prochainement condamnés par le Tribunal judicaire de Nancy.

Comme tout conte, cette histoire se finit bien, nous tenons à signaler que suite à cette mise en protection et l’ouverture d’une enquête judiciaire, les sonneurs à ventre jaune ont pu se marier et avoir beaucoup d’enfants car ce sont des centaines de têtards et de petits crapelets qui s’ébattent dans les ornières et s’émancipent peu à peu en cette fin du mois d’Août …
La morale de cette histoire et pour reprendre un ancien slogan des chasseurs de France « La Nature est dans notre culture », mais il convient parfois de le rappeler à l’homme » pour que la vie s’épanouisse…

La team Marshal de LOANA