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Quand les déséquilibres « Forêt-gibiers et climatiques » poussent les gestionnaires forestiers à fermer les forêts en Lorraine !

20 octobre 2022

Quand les déséquilibres « Forêt-gibiers et climatiques » poussent les gestionnaires forestiers à fermer les forêts en Lorraine !
La Lorraine n’en est pas encore au niveau de la Sologne avec ses multiples enclos de chasse… mais force est de constater que l’on voit pousser de plus en plus d’exclos forestiers sur des surfaces relativement conséquentes dans le cadre du plan de relance, et cela un peu partout dans les forêts gérées par l’ONF.
Les raisons invoquées ne sont pas nouvelles et sont principalement de deux ordres :
- surdensité d’ongulés sauvages (ces derniers continuent pour autant à être agrainés dans une majeure partie des forêts domaniales de Lorraine…)
- Dépérissement des essences forestières en place du fait des dérèglements climatiques en cours…
L’ONF reconnaît également avec force que ces déséquilibres nuisent à la biodiversité (notamment au Grand tétras) et à la filière forêt-bois.
Du coup, pour régler le problème et surtout le « ras-le-bol »engendré par la surdensité d’ongulés sauvages, et bien on clôture!
Certes, c’est une solution… mais ce qui reste tout de même assez dérangeant, en tous cas pour les associations environnementales, c’est que la prise en compte de la biodiversité et l’impact des exclos dans le cadre du fameux plan de relance semble avoir été purement oublié des coûts financiers de mise en protection.
Il semble y avoir un réel manque d’anticipation vis-à-vis d’aménagements permettant la perméabilité des clôtures pour la petite faune forestière et la visualisation des clôtures pour certaines espèces de l’avifaune forestière sujettes à collisions (ex : Grand tétras, Gélinotte des bois, Épervier d’Europe, Autour des palombes).
Pour appuyer notre propre constat, nous avons déjà constaté ces manquements sur au moins deux projets d’engrillagement en 2022 dans notre belle contrée lorraine :
- 10 ha engrillagés au printemps dernier en forêt communale de Basse-sur-le-Rupt (88) sur des parcelles « scolytées » d’épicéas à proximité et en continuité de zones sensibles « tétraonidés » (Grand tétras, Gélinotte des bois), (voir photo) ;
- plus inquiétant : 70 ha (quasiment d’un seul tenant !) en cours d’engrillagement en Forêt Domaniale des Essarts sur la commune de Rigny-Saint-Martin (55) sur des parcelles forestières déjà impactées par la tempête de 99 et jugées aujourd’hui « dépérissantes ». Bon, on profite au passage de la mise en œuvre des exclos pour planter quelques essences « test » exogènes et méditerranéennes comme le Pin de Bruti, le Pin de Sallzman ou encore le Cyprès de l’Arizona… Mais cela, est un tout autre débat…
Du coup, on a pris notre petite calculette « 92 collège » pour vous, afin d’apprécier ce que cela pouvait représenter en termes de linéaire de clôture. Eh bien, si l’on prend un exclos carré de 70 ha de surfaces forestières (chose déjà peu applicable sur le terrain...), on obtient aux bas mots un minima de 3,5 kilomètres de barrières infranchissables pour la petite faune et représentant autant de risques de collisions pour l’avifaune forestière dans cette seule forêt du sud meusien.
La multiplication des clôtures hermétiques à travers les zones boisées vient hélas s’ajouter aux nombreuses entraves actuelles (autoroutes, voies ferrées etc,) liées à la circulation de la faune sauvage!
LOANA va prochainement alerter l’ONF et le CSRPN Grand Est quant à cette problématique d’exclos en forêts gérée par l’ONF en demandant expressément qu’en cas d’exclos :
- des aménagements de franchissement pour la petite faune forestière puissent être prévus tous les 300 mètres (source : CEREMA, 2020) ;
- des systèmes de visualisation anti-collisions soient également mis en place sur les clôtures lorsque des espèces sensibles sont identifiées ;
- la pratique de l’agrainage soit intégralement arrêtée;
- les dispositifs d’exclos soient ôtés, une fois que les plantations ou plants issus de régénération sont considérés comme hors de portée de la dent du gibier.
Nous invitons toutes personnes sensibles à cette problématique à nous faire remonter si de tels projets d’exclos sont existants et/ou prévus sur des communes en Lorraine.
La team «Prosylva » de LOANA