logo LOANA
LOrraine Association NAture
Newsletter LOANA :

Actualités


"Les plus beaux contes de Régis": Suite et fin concernant « Le Sonneur et le Chasseur »

20 mars 2023


Souvenez-vous, nous avions au début de l’été 2021, eu à traiter une atteinte environnementale en milieu prairial sur un réseau d’ornières accueillant encore une belle population de Sonneur à ventre jaune (n= 30 ind. chanteurs)…
 
Les passages répétés et réguliers d’engins agricoles pour nourrir les sangliers et entretenir des souilles avaient eu pour effet de créer avec le temps un véritable réseau d’ornières sur un chemin agricole appartenant à une petite commune du sud lorrain.
 
En effet, il est dans les us et coutumes cynégétiques, d’agrainer mais aussi d’apporter régulièrement quelques citernes agricoles remplies d’eau pour que les petits suidés puissent se rouler à l’envie dans la boue… On pourrait esquisser un rictus à cet égard, si nous n’étions pas aujourd’hui soumis à de fortes périodes de sécheresse et si cette même commune du sud lorrain ne flirtait pas avec une quasi nécessité d’importation d’eau potable via camion-citerne…
 
Mais ne nous égarons pas et revenons à nos sonneurs…
 
A la fin du mois de juin 2021 lors d’une opération menée conjointement avec l’ONF, nous avions constaté que pour pouvoir passer avec leurs engins agricoles, les chasseurs du territoire s’étaient permis de couper sur une cinquantaine de mètres une haie du chemin communal, et ce en pleine période de reproduction.
 
Ils avaient également commencé un vaste projet de remblaiement de ce chemin communal (sur un peu plus de 200 mètres) où chaque ornière avait été soigneusement comblée par des gravats divers et variés pour pouvoir accéder plus aisément et sans chaos aux divers points d’agrainage…
 
Pris d’une inquiétude commune quant au devenir de cette station de Sonneur à ventre jaune se trouvant sur le chemin communal, l’ONF s’était immédiatement rapproché de la commune afin que les habitants soient informés et sensibilisés de la mise en protection temporaire de ce tronçon de chemin agricole accueillant les Sonneurs à ventre jaune.
 
Malgré les efforts de sensibilisation et d’information de la commune (prise d’un arrêté municipal) et de ses habitants, de la mise en défends de ce tronçon de chemin communal, nous constations le jour même plusieurs atteintes intentionnelles à ces milieux, avec l’altération de pontes et l’écrasement d’individus adultes liés aux passages de véhicules motorisés.
 
Et cerise sur le gâteau, nous constations également une provocation ultime avec un dépôt récent de tuiles dans les dernières ornières accueillant les amphibiens en reproduction malgré l’arrêté municipal.
 
Un nemrod local mécontent (que nous nommerons « Régis » pour préserver son anonymat) avait clairement été identifié comme l’auteur de ces atteintes.
 
Plainte et audition de LOANA faites auprès de l’OFB 55 et 54, nous nous étions également portés partie civile auprès du Tribunal judiciaire de Nancy.
 
Ce dernier avait d’abord requis une ordonnance pénale de 500 euros contre Régis.  Ordonnance qu’il aurait pu accepter et qui aurait mis fin aux poursuites.
 
Mais l’obstination et le refus de Régis à souscrire à cette ordonnance pénale a poussé le Tribunal de Nancy à audiencer cette atteinte pour laquelle plusieurs associations environnementales (LNE, Flore 54) s’étaient aussi constituées parties civiles.
 
L’entêtement de Régis à ne pas se déplacer aux convocations lors des auditions de l’OFB s’est une nouvelle fois vérifié à l’audience puisque Régis était de nouveau « aux abonnés absents ».
 
Le Tribunal judiciaire a tout de même audiencé l’atteinte et entendu les différentes parties civiles. Il a condamné Régis à :
- verser 500 euros d’amende,
- payer les frais de publicité du jugement dans l’Est-Républicain,
- verser 2700 euros aux associations de défense du vivant (850 euros respectivement à LNE et Flore 54, 1000 euros à LOANA) aux titres des préjudices écologiques et moraux.
 
L’affaire ayant mis deux ans à être traitée par la justice, les ornières que nous avions mises en défends temporairement en 2021, ont mystérieusement été rebouchées au printemps 2022.
 
Nous n’entendrons donc plus le doux chant des Sonneurs venant égayer ce petit réseau d’ornières et perpétuer la vie…
 
Les préjudices restent donc bien maigres par rapport à la perte nette d’une des seules stations de reproduction en milieu prairial de Sonneur à ventre jaune sur ce territoire puisque les réparations en nature proposées n’ont pas été retenues.La fragmentation des habitats agricoles continue donc à grand coup de remblaiement de mares et de destruction directe pour cette espèce…
 
La team « Crapaud- œil en coeur » parce que l’on est des lovers à LOANA